Comment notre traversée s’est passée et nos premières expériences au Sénégal.
Navigation vers Dakar
Trois jours sont prévus pour notre traversée, en comptant avec une moyenne de 6 noeuds (6 miles par heure) avec un vent prévu nord, nord-est, 4-5 beaufort. Nous partons donc de Santiago / Cap Vert, afin d’arriver à Dakar au matin, de jour, car nous avons entendu dire que l’entrée dans la baie n’est pas facile de nuit.
Mer agitée
Juste après le cap sud de Santiago, le vent et les vagues (2-3 m de creux) s’installent. Il ne faut pas longtemps pour que je me sente un peu « pas trop bien »!… Les deux jours suivants, nous mangeons sans enthousiasme les déjeuners, dîners et petits-déjeuners préparés à l’avance, ou ce que Jean-Luc parvient à préparer, car je ne peux même pas essayer de faire quoi que ce soit à l’intérieur. A noter qu’en trois jours nous n’utilisons pas une seule fois la table extérieure pour manger car le bateau gite trop sur tribord (25-35°),. Nous sommes donc inconfortablement assis avec un bol de nourriture dans une main et une cuillère dans l’autre… Nous n’insistons en général pas pour nous resservir et mangeons juste pour tenir le coup. Comme nous l’avions bien dit dans notre dernier article (37 – Les dernières îles du Cap Vert), nous avions acheté de la nourriture pour rien…
Quant à barrer dans ces conditions, avoir une jambe plus courte que l’autre serait bien utile! …
C’est de mieux en mieux
Le troisième jour, la mer se calme pendant quelques heures et la navigation redevient agréable. Mais avec la vitesse à laquelle nous avançons, il est clair que nous arriverons dans la nuit – mauvais plan avec ce que nous avons entendu sur les filets de pêche et les bateaux non éclairés. Nous continuons malgré tout.
Près de Dakar, à 02h00 du matin, Jean-Luc se fait dire par un bateau de pêche de passer entre l’île de Gorée et la presqu’île afin d’éviter les filets. Oliver et moi sommes sur le pont, vérifiant avec des torches, et après plusieurs heures d’approche fastidieuse, nous jetons finalement l’ancre à 04h30 devant le CVD (le Cercle de Voile de Dakar) parmi 10 – 15 autres voiliers. La paix, enfin !
Le CVD de Dakar
Nous nous réveillons en fin de matinée avec la puanteur de la baie, et non, nous n’avons pas envie d’une baignade rafraîchissante ! L’eau et les odeurs nous rappellent Dakhla (notre étape légendaire dans le sud du Maroc, voir article 31 – Dakhla, aaahhh Dakhla…). Le bateau taxi du club nous accueille gentiment et nous informe de la marche à suivre et qu’il viendra nous chercher plus tard dans la journée quand nous voudrons aller à terre. Un service très efficace et inattendu qui fonctionne de 8h30 à 19h30 pour emmener les marins à leur bateau et à terre.
Un couple de navigateurs, qui est déjà venu ici il y a 16 ans, nous dit qu’il était possible à l’époque de nager dans la baie et de profiter de la plage et du club house. Mais le plastique, la pollution, le manque d’entretien, les animaux morts et la mauvaise gestion de l’eau ont transformé la plage et ses environs en une décharge publique et un bassin d’eaux usées. Le club aurait besoin d’un sérieux lifting…. mais, malgré tout cela, le CVD reste un lieu mythique en Afrique de l’Ouest pour les marins : c’est en effet le dernier mouillage plus ou moins structuré.
Le personnel du CVD est attentif et serviable. Notre linge est nettoyé par Mama lessive, nous achetons des légumes chez Mama légumes, nous faisons coudre des drapeaux par Mama tissus et nous achetons des bonbons chez Mama nougat… Catherine est régulièrement appelée mama elle aussi bien qu’elle n’ait pas le même physique!
Dakar bruyant
Les formalités de douane et d’immigration, les cartes téléphoniques et l’obtention d’argent occupent la majeure partie de notre temps au cours des prochains jours. Mais tout en circulant, nous découvrons une ville très animée, nous nous faisons conduire dans des taxis complètement déglingués (Oliver manque de s’envoler d’un taxi dont la porte s’est soudainement ouverte dans un virage ! – Nous changeons de taxi après cela…).
Nous marchons pendant des kilomètres le long de routes encombrées de camions. Elles sont toutes poussiéreuses, mais quand on parle de poussière, il s’agit de 5 à 10 cm de poussière très fine. Il est à peine possible de marcher sur les trottoirs (quand ils sont reconnaissables) car ils sont bloqués par des camions en panne, des voitures, des motos, des poulets, des chèvres, des vaches… Nous apprenons à marchander pour chaque service et chaque achat. Nous sommes en Afrique !
L’île de Gorée
Nous prenons le ferry pour aller voir cette « île-mémoire » classée au patrimoine mondial de l’UNESCO qui se trouve juste au large de la baie de Dakar. C’est la mémoire douloureuse de la traite atlantique, l’île ayant été le plus grand centre de traite des esclaves de la côte africaine entre le 15e et le 19e siècle. Le musée, qui comprend la fameuse « porte du non-retour », était extrêmement intéressant et exigeant sur le plan émotionnel.
L’heure de partir
Nous échangeons beaucoup avec les marins qui visent, eux aussi, le Siné-Saloum et la Casamance, ce qui nous donne une première idée des endroits que nous aimerions voir. Le soir avant de lever l’ancre, nous sommes invités à boire un verre à bord d’un énorme bateau de 130 ans appartenant à un VRAI pirate, mais un pirate qui a ses valeurs, quand même, comme il dit (c’est à dire qu’il transporte des armes, des diamants et toutes sortes de valeurs, mais pas de drogue ni d’êtres humains !). Les garçons adorent le bateau et surtout les histoires qu’il a à raconter… (nous vous les raconterons en privé !).
Arrêt à Saly
Si l’on fait abstraction du fait que nous devons éviter environ 200 bateaux de pêche, 100 filets et au moins 1000 nasses sur le chemin de notre escale fluviale, la navigation jusqu’à Saly est plutôt paisible. En raison des eaux peu profondes à des kilomètres de la côte, la mer est agréablement calme et le vent nous pousse doucement vers le sud.
La réserve de Bandia
Nous savons qu’un safari au Sénégal n’égalera jamais un safari en Afrique de l’Est, mais nous décidons tout de même de visiter une réserve naturelle privée pour l’intérêt des garçons, assis sur un 4×4 landrover surélevé. Singes, phacochères, autruches, gazelles, antilopes, zèbres, crocodiles et rhinocéros… C’est toujours une belle expérience ! Alexander a préparé une présentation photos, qu’on partagera au plus vite!
De plus, en revenant du parc, nous découvrons qu’il est beaucoup plus facile de faire du shopping à Saly qu’à Dakar. Un conseil pour les autres navigateurs ! Nos réserves de nourriture devraient maintenant nous permettre de tenir un certain temps dans les rivières !
Le prochain article sera sur notre navigation dans les fleuves et bolongs du Sénégal.