40 – Bijagos, ça se corse facilement…
40 – Bijagos, ça se corse facilement…

40 – Bijagos, ça se corse facilement…

Comme nous sommes déjà dans le sud du Sénégal, les îles Bijagos de la Guinée-Bissau ne sont plus très loin. C’est une réserve naturelle de l’UNESCO et nous espérons y trouver plus de faune (comme des hippopotames, des crocodiles, des requins,…) que dans les rivières du Sénégal. Cette décision signifie également que la Gambie devra attendre un autre moment de la vie…

Première approche

Nous laissons nos amis marins d’Orion et Touka chez Papis en Casamance, au Sénégal. C’est d’ici qu’ils feront la traversée vers le Cap Vert. Nous naviguons au sud vers les premières îles Bijagos en 2 étapes: 6 heures le premier jour, jusqu’à un mouillage rocheux, immédiatement après la frontière, puis lever tôt et 11 heures de navigation le lendemain, arrivée juste avant le coucher du soleil à 1 mille au large de la petite île de Kéré.

Quelques astuces

Le matin, la première chose que nous voulons faire est d’aller à terre, ce qui n’est pas vraiment simple car les marées sont très importantes ici (jusqu’à 5 mètres). Nous sommes donc ancrés très loin et l’approche de la petite plage avec l’annexe n’est pas évidente : rochers d’un côté, banc de sable de l’autre, … Mais quel endroit de rêve nous découvrons ! C’est un lodge, construit étape par étape par un Français au cours des 20 dernières années. Nous y mangeons et il nous donne quelques conseils sur les îles, les choses à faire et à ne pas faire, les coûts, et les… surcoûts. Ces derniers sont principalement dus aux différents types de fonctionnaires qui sont capables de trouver n’importe quel motif pour vous faire payer un petit quelque chose sans explications claires…

Mieux vaut respecter les règles et usages des îles…

A faire, les +A ne pas faire, les –
Pour les formalités d’immigration et d’enregistrement, prenez contact avec les propriétaires des lodges. Ils vous aideront. Pour les marins, si vous avez besoin de conseils, appelez-nous ou écrivez-nous !  N’allez pas voir les fonctionnaires, ou ne pas passer trop près d’eux, si vous pouvez l’éviter : s’ils vous ont vu et dès qu’ils vous mettront la main dessus, il vous en coûtera quelque chose… Mais comme ils n’ont pas de vedettes en état de fonctionnement, leur échapper est assez facile en bateau !  
Promenez-vous sur les différentes îles, elles sont magnifiques !   La vie est encore celle de l’Afrique d’il y a longtemps. C’est une organisation matriarcale avec des reines. La population est principalement animiste et vous verrez beaucoup de fétiches.  Mais pas sur les lieux sacrés : les locaux sont très énervés… Vous ne savez pas ce qu’ils peuvent encore vous faire (il y a des rumeurs de cannibalisme …)! Et ne vous aventurez pas à l’intérieur des terres, car il y a des serpents mamba et d’autres curiosités. Il n’y a pas de sérum en Guinée-Bissau, et s’il y a peut-être quelque chose, à Bissau seulement, c’est à des heures de route. Vous avez donc le temps de mourir plusieurs fois avant d’arriver !  
Payer les droits aux fonctionnaires quand c’est une réserve naturelle (5,- € par jour et par personne). Il y en a trois, chacune regroupant plusieurs îles.  N’essayez pas de tricher : ils sont très attentifs et agressifs (nous en avons fait l’expérience : nous voulions débarquer un soir sur une île juste pour nous promener et nous avons dû marchander un bon moment avec un garde juste pour une promenade de 10 minutes… Notre promenade a finalement duré environ 5 minutes et nous nous sommes sentis TRÈS surveillés !
Parler bijagos, ou créole portugais ou au moins un peu de portugais (au pire !).  Avec le français ou l’anglais, vous n’irez pas loin et ne pourrez pas échanger avec les locaux.
Allez dans l’un des lodges ! Savourez un délicieux repas et un cocktail, promenez-vous sur les superbes plages et admirez le paysage. Ces lodges peuvent également organiser toutes sortes d’excursions pour vous ainsi qu’apporter des provisions, du carburant, de l’eau…  Cela peut coûter très cher car tout doit être apporté sur les îles par de petits bateaux. Comme il n’y a pas de tourisme organisé, il faut trouver des solutions individuelles pour faire des excursions et visiter d’autres îles.  

Distances et passages cachés

Après ce premier échange, nous sommes (tout de même !) motivés pour avancer, notamment parce que nous devons faire notre check-in d’immigration à Bubaque, la ville principale des îles. Sur les cartes, elle semble assez proche, donc nous ne nous attendons pas à mettre 3 jours pour y arriver ! Mais nous avançons lentement – il est préférable de toucher le fond à faible vitesse – entre des îles éloignées, avec de forts courants entre les îles, 50 % du temps dans la mauvaise direction…

Il semble que l’on puisse aller en ligne droite entre A et B, mais ce n’est pas possible : haut-fonds, bancs de sable, rochers sont tous sous le niveau de l’eau à marée moyenne et à marée haute. En plus, on ne peut pas se fier aux cartes car – hé, ces beaux bancs de sable bougent tout le temps !…. Vous faites donc des détours le long de chenaux que vous ne pouvez voir que sur les photos satellite. Vous passez devant des îles que vous ne pouvez voir qu’à marée basse, pour finir par jeter l’ancre à 1 ou 2 milles de l’île que vous voulez vraiment atteindre…

Île de Rubane

Nous réalisons qu’il est plus facile et plus rassurant d’arriver devant l’un des lodges français. Les propriétaires sont extrêmement accueillants, heureux d’aider, d’informer et éventuellement de s’occuper de nos papiers. Nous sommes même autorisés à utiliser la piscine du lodge d’Anchaca. En échange, nous mangeons plusieurs fois au lodge. Un jour, nous faisons le tour de l’île de Rubane avec l’un des employés du lodge, Sidonie. Il nous emmène voir sa famille, son jardin, nous fait goûter leur repas, « éplucher » le riz, voir le « village temporaire » (actif seulement pendant les périodes de récolte, car l’île est sacrée, donc personne ne peut y vivre en permanence). Après un contact très réservé au début, la glace fond et le lendemain nous sommes accueillis avec un large sourire et une grande accolade.

Les plaisirs de l’eau

Nous ne nageons pas beaucoup non plus, l’eau est trouble, chargée de sable et les raies pastenagues ainsi que différentes espèces de requins aiment apparemment la région. Bien qu’elle soit turquoise et invitante sur les photos, nous nous contentons d’une petite baignade depuis le bateau et de jouer dans la piscine de l’hôtel.

Où mettre le dinghy?

Les eaux peu profondes de l’archipel nous apprennent à quel point il est difficile de vivre avec les grandes marées : quand on va sur le rivage, si on débarque à marée haute, il faut ramener l’annexe à la mer sur plus de 100 mètres parfois… Avec une petite ancre, une courte chaîne, le carburant et le moteur, nos affaires, l’annexe pèse facilement 140 kg. Tirer l’ensemble sur des fonds vaseux ou sablonneux n’est donc pas très pratique ! Et si l’on arrive à marée basse, soit on jette l’ancre à l’endroit où l’on débarque et on revient à la nage jusqu’à l’annexe, soit on reste dans les parages et on revient régulièrement la chercher pour la remonter sur le rivage. Aucune option n’est vraiment satisfaisante !

Mollets dans la boue

Lorsque vous avez trouvé une solution décente pour l’annexe, tout en sueur et plein de boue, vous aimeriez alors vous baigner depuis la plage fantastique sur laquelle vous venez de poser le pied. Mais la mer est alors bien loin et sans chaussures sérieuses et solides, il n’est pas conseillé de marcher dans l’eau : les raies aiment se reposer dans des eaux de 40 à 50 cm de profondeur. Et leur poison est apparemment très douloureux… et il y en a beaucoup ici ! (photo)

Où va l’argent ?

Lorsque vous arrivez sur l’une de ces magnifiques îles couvertes de végétation et entourées de plages de sable blanc, vous vous trouvez peut-être sur l’une des îles sacrées sur lesquelles vous n’avez pas le droit de marcher. Ou vous rencontrez un « garde » qui vous demande de payer un droit d’entrée dans la « réserve naturelle ». Les prix ne sont pas clairs, pas plus que les uniformes. Alors, qui et qu’est-ce que vous payez réellement ? Bonne question…

Pas de crocodiles, pas d’hippopotames

Nous n’avons finalement jamais vu de crocodiles, ni de requins, ni les fameux hippopotames. Ces derniers vivent dans un endroit très précis auquel on ne peut accéder qu’en payant beaucoup d’argent à un parc, en laissant du bakchich à un autre endroit et en payant un garde pour qu’il vous montre où aller. Pour atteindre les hippopotames, il faut louer (très cher !) un bateau-taxi avec son guide, car il est difficile de jeter l’ancre à cet endroit où il y a de forts courants de marée…

Alors, comment avons-nous aimé les Bijagos ?

Question difficile !… Tous ces adjectifs conviennent : sauvage, authentique, naturel, beau, fascinant, mais aussi compliqué, corrompu, difficile, et oui, soyons francs, un peu décevant. Nous nous attendions à nager, à faire de la plongée en apnée, à voir plus d’animaux et à naviguer d’île en île. Cela n’a guère été possible, car nous n’étions jamais sûrs des profondeurs, et nous avons donc principalement dû nous déplacer avec le moteur.

Il aurait été préférable d’avoir plus de temps et un budget plus important pour payer les bateaux taxis et les guides qui se déplacent depuis les lodges. Peut-être que nous n’avons pas bien fait nos devoirs… mais en fait, il n’y a pas beaucoup de gens à qui parler et auprès de qui obtenir des informations avant de partir. Disons que les deux semaines ont été intéressantes !

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