Enfin, nous partons !
Après avoir changé plusieurs fois notre date de départ en raison des prévisions de vent constamment changeantes, nous quittons Mindelo pour rejoindre l’île principale du Cabo Verde, Santiago, dans l’après-midi du 30 septembre. Le cœur un peu lourd, mais curieux de voir ce qui nous attend, nous nous mettons en route. Arrêt rapide au quai de ravitaillement pour du diesel, dernier salut à notre ami Gil (G’îles) et à d’autres visages familiers sur le chemin.
Puis, nous nous engageons dans le passage toujours turbulent entre Sao Vincente et Santo Antao, grand-voile hissée. Nous essayons de dérouler le génois mais pas moyen ! L’enrouleur ne tourne pas comme il devrait, il est même complètement bloqué. Jean-Luc essaie d’analyser la situation, nous ne voyons pas le problème. Entre temps, nous avons touché les premières vagues et nous sentons le courant. Inutile de continuer, nous faisons demi-tour, sortons du chemin du ferry et nous ramenons le bateau dans la baie abritée. Pendant qu’Alexandre maintient Illika en position au moteur, Oliver assure Jean-Luc qui monte dans le mât avec une bouteille de WD-40 (spray d’huile très liquide). La poussière de ces derniers mois a bloqué le mécanisme et tête de mât… Problème donc réglé assez rapidement!
Traversée vers les îles sous le vent, (Barlovento)
Nous avons perdu une heure mais ce n’est pas grave car notre traversée est censée durer environ 24 heures : normalement, nous essayons d’arriver à un nouvel endroit de jour. La nuit, les vagues commencent à se croiser et je me sens assez mal à la fin de mon quart de nuit de 4 heures et je suis heureuse d’aller m’allonger à 4 heures jusqu’au matin, où je prends enfin une pilule contre le mal de mer (eeh non !, je n’ai pas pensé à en prendre avant !). Personne ne m’avait dit non plus que ça allait secouer autant !… Heureusement, le vent est bon et la navigation plus rapide que prévue et nous arrivons devant Tarrafal au nord de l’île de Santiago en un peu plus de 21 heures.
Agréable Tarrafal
C’est un mouillage agréable, bien qu’un peu secoué par moments, mais l’atmosphère détendue qui règne dans les environs compense. Nous explorons le village et la jolie plage les jours suivants, trouvant un office de tourisme (le premier du Cap-Vert que nous voyons !), le marché et l’étonnant « Kabungo beach bar ». Les Caipirinhas y sont presque aussi bons qu’au « Floating Bar » de Mindelo !
Nous nous sentons en sécurité et les pêcheurs sont sympathiques, nous vendant du poisson frais directement au bateau. Un après-midi, nous achetons un gros poisson et invitons notre voisin d’ancrage irlandais à manger du poisson grillé, du tzatziki et du riz au curry de légumes…
Visite de l’île
Évidemment, nous voulons aussi découvrir un peu l’île. Nous partons donc dans un aluguer couvert (le même système de transport public que sur les autres îles : un pont de pick-up avec 2 bancs pour une dizaine de personnes) et sommes stupéfaits de voir à quel point l’île est verte. Tout au long du trajet jusqu’au marché africain hebdomadaire très fréquenté du centre de Santiago, nous montons et traversons des collines verdoyantes, avec beaucoup d’agriculture et de belles vues. Nous décidons de ne pas faire une autre randonnée vers une des nombreuses cascades : il fait très chaud ces jours-ci et tout mouvement après 10 heures du matin, à l’exception de la baignade, est difficilement imaginable. De plus, nous avons vu les plus belles chutes d’eau de Santo Antao, nous n’avons pas envie d’être déçus 😉…
Surf et autres activités
Comme le surf est une activité populaire ici, les garçons prennent une leçon de surf avec un très charmant et modeste champion de surf local, qui est en même temps le propriétaire du bar de plage Kabungo. Slackline, beach volley et beach-schooling ont été d’autres activités (plus ou moins appréciées, selon les cas) durant les 10 jours passés à Tarrafal. Mais bon, qui n’a pas envie de faire l’école à la plage ?
Nids de tortues sur la plage
Maintenant, le meilleur : il y a une nurserie de tortues sur la plage. C’est une zone clôturée où sont aussi ramenés les oeufs de tortues d’autres plages voisines. Ils sont ainsi protégés des chiens, des quads, des braconniers, des mouettes, et des statistiques peuvent être faites pour la protection des tortues au Cap-Vert (par l’association de tortues « Lantuna » à Santiago).
Tous les matins, nous nous levons donc tôt, montons dans l’annexe, allons sur le rivage et nous précipitons vers la nurserie, en espérant voir des bébés tortues. Un matin, nous avons un peu de chance car, alors que le gardien déterre un nid « inactif », il trouve un bébé qui tente de remonter à la surface. Quelle excitation ! Si vulnérable ! Si petit ! Si précieux… Imaginez : une tortue à la sortie de son œuf pèse env. 20 gr, mesure 4 cm de long. Elle est enterrée à 40-50 cm de la surface. 10 fois la longueur de son corps… C’est comme si nous, bébés humains, devions creuser un tunnel de 4-5 m et puis ramper 300 à 400 mètres pour rejoindre maman!
Petit animal, grosses vagues
Le petit groupe de personnes qui s’est rassemblé autour de l’événement suit la tortue jusqu’à la mer, en clôturant le passage où un chien tente désespérément d’attraper son jouet. Instinctivement, la jeune tortue se fraye un chemin sur la plage, renforçant ses muscles en vue de sa future activité de natation. Elle atteint les premières vagues, mais est ensuite rejetée sur le rivage, encore et encore, jusqu’à ce que quelqu’un l’accompagne au-delà des vagues déferlantes. Bonne chance, petite chose… Seule une tortue sur mille survivra et reviendra dans 20 ans pour pondre ses œufs sur la même plage.
36 !!!
La vraie compensation pour avoir attendu et vérifié la nurserie tous les jours à plusieurs reprises, vient enfin quelques jours plus tard : nous accompagnons 36 bébés tortues à la mer !
Après avoir assisté à la ponte, nous fermons ce cycle de vie et pouvons alors quitter Tarrafal, satisfaits 😉. Fogo nous attend !
Elle sont trop mignonnes le tortues, j’espère que la traversée s’est bien passée.Pablo
Les petites tortues sont adorables 🤩
Alice