46 – Amazonie: là où le fleuve est la route
46 – Amazonie: là où le fleuve est la route

46 – Amazonie: là où le fleuve est la route

Comment la santé est un enjeu majeur à bord, toute la famille à dos de buffle, vivre 8 jours sur un catamaran, profiter d’une belle compagnie et rencontrer des habitants chaleureux et généreux, là où le fleuve est la route. Sur les fleuves en Amazonie !

Ce qui s’est passé avant

Alexander avait développé une tache sur sa jambe, alors que la douleur s’étendait sur 30 cm le long de son mollet et qu’il y avait une grosseur solide, rougeâtre, de la taille d’une prune sous sa peau… Nous avions échangé avec notre pédiatre en Suisse, qui nous avait fortement recommandé de consulter un médecin le plus rapidement possible. C’est donc avec un léger regret que nous avons quitté la paisible île de Lençois pour nous diriger vers Belém, à plus de 2 jours de navigation. Entre-temps, nous avons administré à Alexander, pour la 2ème fois, un traitement antibiotique générique. Sur un bateau, on ne plaisante pas avec ce genre de choses !

On s’en occupe !

Situés plus près de la sortie du fleuve Pará que de Belém (40 milles au lieu de 100), nous jetons l’ancre devant Soure, sur l’île de Marajo. Nous nous dirigeons immédiatement vers le petit « hôpital » et en ressortons après 2 heures avec une ordonnance d’antibiotiques, le conseil d’attendre et l’assurance qu’Alexander n’a pas d’oeufs d’insectes sous la peau… Rassurant ! Mais c’était à prendre au sérieux : il s’agissait d’un abcès cutané, dû à une piqûre infectée. Nous décidons de ne pas attendre l’effet des antibiotiques, et, après avoir appliqué une compresse chaude, nous « opérons » (torturons !) Alexander sur le bateau…

Des cris dans la baie !

On ne sait pas ce qu’ont pensé tous les pêcheurs autour de notre mouillage lorsqu’ils ont entendu un garçon hurler pendant 10 bonnes minutes alors que Jean-Luc pressait la plaie et qu’une pâte « moutardeuse » et multicolore sortait à gros bouillons en fonction de la pression exercée… Le volume d’une bonne noix ! Jamais rien vu de tel… Oliver se retire dans sa cabine, dégoûté par la vue de ce liquide qui déborde !….

Finalement, nous avons fait ce qu’il fallait : grâce à notre intervention chirurgicale, à un bon nettoyage et à une bonne désinfection, ainsi qu’aux nouveaux antibiotiques, l’abcès a disparu et sa jambe s’est améliorée de jour en jour.

Info : si vous regardez notre article sur votre téléphone, il se peut que vous ne puissiez pas voir la photo en entier car nos textes sont parfois très longs. Pour voir les photos en entier, lisez l’article sur votre ordinateur.

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L’île de Marajo

Afin d’être le plus efficace possible pour visiter l’île, grande comme la Suisse et connue pour ses buffles, nous prenons un tour guidé dans un 4×4 de 7 places. Par chance, une sympathique Brésilienne qui a réservé le même tour en même temps que nous, parle un peu d’anglais. Sans sa traduction, nous n’en saurions pas beaucoup plus sur l’île, car le chauffeur ne parlait que portugais… (mais il parlait très bien et beaucoup !).

Buffles et ibis rouges

Nous traversons un vaste ranch privé : marécages, champs, forêts, buffles, chevaux, nombreux oiseaux, ibis rouges, spatules rosées, caïmans (invisibles de jour), … des vues et des ambiances incroyables ! Nous voyons aussi de belles plages, un village de pêcheurs sur pilotis, nous faisons un tour en bateau avec un pêcheur de crevettes et nous nous rendons dans un ranch de buffles. C’est le clou du spectacle, surtout pour les garçons : nous montons et nous nous tenons même debout sur un buffle très placide et nous remplissons notre propre petit gobelet de lait de buffle (que nous avons trait nous-mêmes !). La dégustation des produits de la ferme, centrés sur ce que les buffles génèrent, était délicieuse. Nous nous sommes goinfrés!

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La nostalgie des eaux claires

Il vient lentement, mais il augmente de jour en jour… le sentiment que nous devons aller de l’avant : quitter les eaux boueuses pour découvrir les mers cristallines des Caraïbes. Notre dernier vrai snorkeling a eu lieu sur l’île Fernando de Noronha, il y a plus de 2 mois. Pour rappel, cela fait plus de 5 mois que nous traînons dans les eaux fluviales (à l’exception de la traversée de l’Atlantique bien sûr). Mais nous sommes au Brésil et, étant si proches de l’Amazonie, ainsi que de pays comme la Guyane française, le Surinam et le Guyana, l’occasion de visiter ces pays si facilement serait perdue à jamais ! Nous décidons donc d’être patients…

Nous nous en tenons aux eaux boueuses

Ensuite, nos amis Touka et Orion nous invitent à nous joindre à eux pour une semaine à 100 milles sur le fleuve Pará. La prise de décision est facile ! Qui dit non pour profiter d’une semaine en bonne compagnie et découvrir la vie sur un catamaran pendant la saison des pluies au Brésil ? 😂

Nous naviguons donc avec Illika près de Belém et l’amarrons en toute sécurité au ponton d’un yacht-club privé. Nous passons une excellente soirée à prendre des nouvelles, n’ayant pas vu Cécile et Thibaut d’Orion depuis près de 2 mois. En retrouvant les 3 équipages, nous avons passé une soirée mémorable… Les équipages ont tout organisé, il ne reste plus qu’à embarquer. Ce que nous faisons après une journée entière de rangement et de préparation : on ne peut laisser Illika toute seule sans un minimum d’attention surtout qu’elle prend un peu d’eau par le presse-étoupe d’hélice et qu’il faut assurer l’énergie pour le congélateur, le frigo, la pompe de cale automatique…

L’expérience du catamaran

L’équipe de Touka est renforcée par Oliver et Alexander, tandis que Jean-Luc et moi faisons partie de l’équipage d’Orion. Comme nous sommes sur le fleuve, nous naviguons principalement au moteur, ce qui nous empêche de profiter pleinement des sensations de la voile. Mais nous apprécions l’espace qu’offre un catamaran, surtout quand il pleut ! Pour nous déplacer efficacement au gré des marées et des forts courants, nous devons nous lever plusieurs fois à 4-5 heures du matin. Souvent, nous nous arrêtons pour déjeuner sur l’un des catamarans et nous organisons toujours des dîners ensemble.

Nous aidons à la manœuvre, barrons, chattons avec nos hôtes belges, nous préparons à manger, travaillons, écrivons les articles pour le site ou nous contemplons une nature incroyable. Nous parvenons même à rattraper notre retard en matière de comptabilité ! Pendant ce temps, les garçons vont à l’école sur Touka, jouent (même à l’ordinateur, ils ont plus de chance que sur Illika !), discutent et aident la famille française sur le bateau. Nous recevons un retour positif sur l’école, ce qui nous réjouit évidemment. Merci beaucoup Christophe et Margot !

Des catamarans photogéniques

Sur les deux catamarans, nous nous déplaçons d’un endroit à l’autre. Nous passons 3 nuits à Japiim Grande, qui est l’étape la plus marquante. Nous sommes accueillis chaleureusement par les Amérindiens, on nous montre leurs maisons, nous rencontrons de nombreuses familles, nous visitons l’école, une briqueterie, la production de cœur de palmier « palmito » et nous avons même droit à une chanson de bienvenue supplémentaire chantée par tout le monde à l’église !… Comme échange de politesse, les propriétaires des catamarans proposent à ceux que cela intéresse, de venir visiter les catas. De nombreuses familles viennent sur nos bateaux, avec leur pirogues ou barques, toutes bien habillées, pour visiter et prendre des photos. Nous recevons jusqu’à 40 personnes en même temps…

The rain is always with us, either to come or just past. We get showered several times a day, sometimes so strong, you can’t see the next boat. We knew what we got ourselves into, when we decided to sail to the amazonian region during the rainy season. But it’s interesting and sometimes quite funny!

Amazonie: là où la rivière est la route

Il n’y a pas de route sur les centaines d’îles du fleuve Pará et de l’Amazone. Tout le monde utilise des bateaux pour se déplacer : pour aller au travail (si,si…), faire les courses, pour aller à l’école, à la messe, chez le coiffeur, le médecin, pour se faire masser, pour faire le plein d’essence ou aller voir son voisin…

Dans un groupe de maisons d’une ou plusieurs familles, on trouve des passerelles en bois, avec plus ou moins de planches qui manquent, donc plus ou moins sûres pour créer les liens d’une maison à l’autre. Sous les constructions,  qui sont toutes sur pilotis, vivent poules, canards, cochons et de nombreuses autres bestioles. Beaucoup de ces petites communautés sont presque autosuffisantes. Pour nous, c’est un mode de vie impensable, mais nous le trouvons fascinant, et les gens ont tous un grand sourire sur le visage et sont très fiers de leur héritage. C’est impressionnant !

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La grande ville

Après 6 jours passés principalement dans des bras de rivières de la Para, nous arrivons à Belém en début de soirée. Il fait encore juste assez jour pour nous rendre compte que toute la côte, sur plusieurs kilomètres, est encombrée de bateaux de pêche et de bateaux de croisière fluviale qui entrent et sortent constamment. Il n’est donc pas facile de trouver un endroit idéal pour jeter l’ancre et lorsque nous trouvons un endroit acceptable pour au moins une nuit, le jour est tombé et les centaines de lumières de bateaux semblent encore plus menaçantes…

Depuis ce mouillage, nous visitons les quelques rares sites de Belém dignes d’être vus ainsi qu’un immense centre commercial ! Ce n’est pas une belle ville… Un jour, nous prenons également un bateau-taxi pour nous rendre sur l’île opposée à Belém, déjeuner dans un restaurant servant de délicieuses spécialités régionales et visiter une chocolaterie très chère… 

Retour sur notre monocoque

De retour à notre ponton, nous retrouvons Illika en pleine forme, à l’exception de l’humidité qui est une plaie. Depuis 2 mois, nous vivons avec, mais la fermeture du bateau pendant 8 jours a favorisé l’apparition de moisissures un peu partout, notamment dans les placards, sous le plancher et autour des fenêtres. Beaucoup de nettoyage…

Club Aero-Nautica

Alors qu’Illika était amarré sur le ponton de la Blue Marina, Touka et Orion avaient une place au club privé Aero-Nautica de Belém, à peine 200 mètres plus loin sur le fleuve. C’est le genre d’endroit où l’on ne s’attend pas vraiment à atterrir, quand on vit une vie de navigateur à petit budget. Lorsque nous visitons, découvrons un terrain d’aviation avec des hangars, comme d’habitude. Sauf que là, une partie a été modifiée pour devenir des maisons de week-end luxueuses. Ils ont tous des garages secondaires avec un petit avion, et/ou un bateau, quelques jet skis, des motos ou des voitures de sport ainsi qu’un ou plusieurs modèles réduits d’avions. Un endroit de « pauvres ». , quoi !

Nous sommes accueillis à bras ouverts par cette communauté de pilotes et de capitaines, tous dirigés par le président (Delcio), qui a été recommandé à Orion lors d’une de leurs étapes précédentes. On nous fait visiter les lieux, on nous présente à de nombreux autres membres, nous pouvons utiliser les installations et la piscine du club et nous sommes invités à un grand barbecue. Nous avons passé là quelques moments mémorables, que ce soit avec Orion et Touka ou avec les membres du Club. Quand nous partons, Delcio et quelques autres membres du club sont invités par Orion et Touka à naviguer de Belém à Soure. Ils resteront avec eux 2-3 jours.

Un voyage exclusif

C’est Pâques et nous prévoyons de partir dans quelques jours. Nous devons régler les papiers de sortie du Brésil, nous devons donc retourner à Belém. Delcio nous propose deux chauffeurs qu’il connaît : professionnels, ils conduisent sur leur lieu de travail les pilotes qui accompagnent les capitaines des cargos/tankers lors de leurs navigations amazoniennes. Ce sont eux qui manœuvrent les gros navires dans les rivières, les canaux ou les ports. Le métier de pilote de navire sur les fleuves brésiliens est extrêmement bien payé (20’000 à 30’000.- €/mois !).

Leur syndicat est très bien organisé et, après l’assassinat d’un des leurs, ils ont obtenu des véhicules aux vitres sombres et à l’épreuve des balles… C’est donc ce moyen de transport que nous utilisons pour régler nos papiers… Discret et exclusif, comme le club où nous passons ces quelques jours. Rien n’est trop bon pour nous !

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Até a próxima, Brazil!

In order to profit of the tides, we make another quick stop in Soure. Then making use of the optimal weather window, full easterlies 15-20 knots, moderate swell (well that’s what was forecasted…), we head out into the large Pará river towards the open sea. We struggle, as well as Touka does leaving half a day after us and Orion the following day. The wind is in the nose (meaning north-north-east wind) so we run with the engine 😠 with very unpleasant waves and heavy showers on and off.

Ce n’est pas une belle dernière expérience au Brésil, mais nous l’oublierons très vite ! Car ce que nous avons vécu pendant ces 2 mois au Brésil et en Amazonie restera à jamais comme un souvenir très enrichissant et merveilleux❤. Si vous n’avez pas lu les autres articles, suivez ces liens : 44 – Brésil – îles, Jacaré et carnaval et 45 – Cinquante nuances du Brésil.

Combattre les marées et les pluies

Une fois sortis du fleuve, nous nous dirigeons vers le nord-ouest, en passant par le delta de l’Amazone. Le vent vient maintenant du nord-est. Mais le courant de marée de l’Amazone est si fort que nous devons naviguer très près du vent pour compenser la dérive. Cela signifie qu’il y a beaucoup de gîte… À un moment donné, nous devons même aider le moteur pour éviter de reculer… !

Passé le delta de l’Amazone, nous avons enfin le courant avec nous sur la plus grande partie du trajet. Mais la mer et le temps humide rendent la navigation plutôt inconfortable. Nous sommes donc heureux d’arriver au mouillage des Îles du Salut, en Guyane française, après 3 jours et demi. Aaah, sans oublier que nous arrivons plus vite que prévu, donc de nuit ! Notre spécialité…

Notre position actuelle vous trouverez là: https://www.noforeignland.com/boat/illika

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